Pour mieux nous comprendre…

Novlangue : lan­gage créé ou per­ver­ti par une élite, une oli­garchie, qui domine les moyens de com­mu­ni­ca­tion, afin que le lan­gage leur per­me­tte de con­serv­er ou accroître leur dom­i­na­tion. Cette novlangue s’oppose au lan­gage ancien, étymologique.

Par exem­ple, depuis 1800 env­i­ron, à par­tir du Par­ti Démoc­rate aux Etats-Unis, par élec­toral­isme, le mot “démoc­ra­tie” s’oppose au con­cept sta­ble d’Aristote à Mon­tesquieu en pas­sant par Spin­oza. C’est pourquoi nous sommes en 5e République (les con­sti­tu­tion­nal­istes, comme Emmanuel-Joseph Sieyès en 1791 ne voulant pas de démoc­ra­tie) et non pas en 5e Démocratie.

Autres exem­ples : sou­verain­isme et pop­ulisme (voir plus bas).

Une république est une société où la poli­tique est publique, non privée.

Le lob­by­ing est une activ­ité d’in­flu­ence, de sug­ges­tion des déci­sions poli­tiques auprès des politi­ciens, faite sans pub­lic­ité de la part des acteurs envers la population.

Le lob­by­ing est anti-répub­li­cain et anti-démoc­ra­tique, car les influ­ences ne sont pas faites dans un cadre pub­lic, et donc évi­tent toute déci­sion démocratique.

Sou­veraineté : pou­voir de déci­sion supérieur.

Pop­u­la­tion : ensem­ble d’individus.

Démoc­ra­tie : sou­veraineté de la population.

La démoc­ra­tie n’est pas la sou­veraineté de la majorité.

Par exem­ple, si un groupe doit faire une sor­tie men­su­elle ensem­ble, et qu’il y a chaque fois 80% de votes pour aller au restau­rant, et 20% pour aller au ciné­ma, la pré­dom­i­nance de la majorité ferait qu’ils iraient tou­jours au restau­rant, alors que le respect démoc­ra­tique (de toute la pop­u­la­tion, dont la minorité) ferait qu’ils iraient qua­tre fois sur cinq au restau­rant, et une au cinéma.

Il y a la préémi­nence d’un con­sen­sus sur un dis­sensus contradictoire.

Imag­i­nons le pire : deux groupes veu­lent se mas­sacr­er : 80% veu­lent tuer les 20 autres pour­cents (et éventuelle­ment inverse­ment, quoique cela ne change rien); mais cela est en con­tra­dic­tion avec le fait que 100% souhait­ent ne pas être mas­sacrés, qui doit donc l’emporter.

Démoc­ra­tie représen­ta­tive, démoc­ra­tie directe, par­tic­i­pa­tive : le con­cept de démoc­ra­tie étant dévoyé, l’oli­garchie fait croire qu’on serait dans une démoc­ra­tie représen­ta­tive, alors que la représen­ta­tiv­ité ne pour­rait l’être que par le tirage au sort sta­tis­tique­ment représen­tatif, ou un pan­el représen­tatif, mais pas avec des élus (des scruti­ns non pro­por­tion­nels et sans man­dat impératif) ou des nom­més (par ces élus), qui représen­tent ceux qui finan­cent leurs cam­pagnes. Dans ce cadre la démoc­ra­tie réelle est appelée démoc­ra­tie directe, comme s’il y avait une indi­recte (à la rigueur, on pour­rait appel­er démoc­ra­tie indi­recte celle qui se fait par des assem­blées tirées au sort, sta­tis­tique­ment représen­ta­tives ; ou avec des émis­saires ayant un man­dat impératif), voire plus récem­ment par­tic­i­pa­tive (comme s’il pou­vait y avoir une démoc­ra­tie sans que la pop­u­la­tion par­ticipe). C’est vers 1800 aux Etats-Unis, que le dévoiement se fait avec le “Par­ti Démoc­rate”, appelé ain­si par élec­toral­isme. le vicomte anti-démoc­rate Alex­is de Toc­queville a importé ce dévoiement en France vers 1840.

La démoc­ra­tie représen­ta­tive, c’est-à-dire où le représen­tant choisi est libre de décider, ne reste une démoc­ra­tie que si le citoyen peut à tout moment décider qu’autrui ne décide plus à sa place (c’est la démoc­ra­tie liq­uide du Par­ti Pirate).

Dans les cas usuels, c’est de la novlangue car la démoc­ra­tie étant la sou­veraineté (c’est-à-dire le pou­voir de déci­sion supérieur) de la pop­u­la­tion, il n’y a pas de démoc­ra­tie si les élus font ce qu’ils veu­lent, comme dans la con­sti­tu­tion française où l’article 27 déclare que « Tout man­dat impératif est nul. », le man­dat impératif étant celui où le man­dataire exé­cute une déci­sion, et le man­dat représen­tatif étant celui où le man­dataire décide lui-même, et est donc souverain.

Le prob­lème de la démoc­ra­tie représen­ta­tive, c’est que les citoyens auront ten­dance à trans­met­tre leur sou­veraineté à des per­son­nes selon leur répu­ta­tion, et entre­tien­dront un cer­tain con­formisme, un cer­tain con­ser­vatisme en faveur de dom­i­na­tions actuelles, faisant ain­si une tech­nocratie. Par exem­ple, les indus­triels, en par­ti­c­uli­er depuis les polémiques des années 1950 sur la nociv­ité du tabac, ont payé des sci­en­tifiques pour faire en faire douter (ce qui s’est repro­duit pour l’amiante, le sucre, le gras, les OGM, les vac­cins). Cela se pro­duirait aus­si dans le domaine financier. La pop­u­la­tion serait donc exclue de la déci­sion et igno­rante de ses motivations.

La démoc­ra­tie par­tic­i­pa­tive peut être de la novlangue dans le sens où dans une démoc­ra­tie, les citoyens par­ticipent néces­saire­ment, et sem­blerait faire croire qu’il pour­rait y avoir une démoc­ra­tie sans leur par­tic­i­pa­tion… Si on veut y trou­ver de la cohérence, il s’agit d’une démoc­ra­tie où déci­dent ceux qui ont la volon­té de par­ticiper. Le prob­lème, c’est qu’on con­state que par­ticipent alors plus cer­taines caté­gories de la pop­u­la­tion plutôt que d’autres, et qu’on biaise ain­si la déci­sion dans cer­tains sens : il y a plus d’hommes que de femmes, plus de vieux (retraités ayant plus de temps) que de jeunes, plus de class­es sociales élevées (et donc de rich­es) que de bass­es (et donc de pau­vres, plus de con­formistes (sat­is­faits du sys­tème actuel) que d’anticonformistes. C’est ce qu’on a par exem­ple con­staté avec le Grand Débat organ­isé par le prési­dent Emmanuel Macron.

La démoc­ra­tie directe est celle où la pop­u­la­tion décide directe­ment, en par­ti­c­uli­er par référen­dums. Le prob­lème essen­tiel est le temps qu’elle néces­site pour chaque citoyen pour s’informer, et la dif­fi­culté d’organiser la délibéra­tion. L’avantage est le con­cerne­ment des citoyens.

La démoc­ra­tie indi­recte est de la novlangue s’il s’agit de la même chose que ce qui est appelé « démoc­ra­tie représen­ta­tive » où des élus décideraient à la place des citoyens. Par con­tre, il s’agit réelle­ment de démoc­ra­tie s’il s’agit d’un moyen économique de com­pos­er (par tirage au sort ou par pan­el) une mini-société sta­tis­tique­ment représen­ta­tive per­me­t­tant de dégager du temps à ces citoyens pour délibér­er en assem­blée publique, en par­ti­c­uli­er suite à des présen­ta­tions de présen­ta­tions avec isé­gorie (égal­ité du temps de présen­ta­tion) de l’argumentation pour et con­tre une propo­si­tion. L’inconvénient est le risque de laiss­er la pop­u­la­tion dans l’ignorance des déci­sions et de leurs raisons, et d’aboutir à une hétéronomie (ces assem­blées s’éloignent de la pop­u­la­tion et déci­dent pour elles, faisant en par­ti­c­uli­er des règles pour aug­menter leur souveraineté).

Sou­verain­isme : c’est l’élite la plus inter­na­tionale, qui a donc plus de sou­veraineté dou­ble­ment (en tant qu’élite, et en tant que pou­vant l’ex­ercer dans plusieurs nations) qui para­doxale­ment appelle sou­verain­istes les per­son­nes qui n’ont pas une telle sou­veraineté, mais aimeraient obtenir une sou­veraineté plus nationale, donc plus proche d’elles, si ce n’est une sou­veraineté populaire.

Mais il est logique que si cha­cun était sou­verain­iste, c’est-à-dire récla­mant plus de sou­veraineté pour soi, qu’on en vienne à l’isocratie (égal­ité de sou­veraineté), et donc à la démoc­ra­tie (une voix, un vote).

Elite : ensem­ble très minori­taire des per­son­nes d’une société en haut de la hiérar­chie, qui ont le plus d’autorité.

Peu­ple : ensem­ble très majori­taire des per­son­nes d’une société en bas de la hiérar­chie, qui ont le moins d’autorité.

Pop­ulisme : le pop­ulisme était la défense du peu­ple (con­tre l’oli­garchie ou l’élite). Ce serait main­tenant une pra­tique de politi­ciens (dém­a­gogues) qui agit­eraient des boucs émis­saires pour se pro­mou­voir auprès du peu­ple (mais cela n’a pas été appliqué à la prési­dence de George Bush). Le pop­ulisme est con­fon­du avec le fascisme.

« Annie Collovald23 [Annie Collo­vald, Le « Pop­ulisme du FN » : un dan­gereux con­tre­sens, Édi­tions du Cro­quant, 2004] a fait remar­quer que le mot pop­ulisme con­naît un nou­veau suc­cès depuis les années 1980, comme syn­onyme de dém­a­gogie ou d’op­por­tunisme poli­tique, surtout lorsqu’il s’ag­it de mou­ve­ments d’op­po­si­tion. Selon cette uni­ver­si­taire en sci­ences poli­tiques, la caté­gorie ren­seign­erait moins sur ceux qu’elle désigne que sur ceux qui l’emploient. Annie Collo­vald met en par­al­lèle le suc­cès du voca­ble avec la dis­pari­tion pro­gres­sive des class­es pop­u­laires dans les appareils et dans les dis­cours des par­tis poli­tiques et inter­prète l’usage crois­sant du mot pop­ulisme ou pop­uliste comme l’ex­pres­sion d’une méfi­ance gran­dis­sante à l’é­gard des class­es pop­u­laires et d’un pen­chant nou­veau pour la démoc­ra­tie capac­i­taire voire cen­si­taire. » https://fr.wikipedia.org/wiki/Populisme_(politique)#France

Son opposé est l’élitisme, la préférence, la défense de l’élite.

Isocratie : égal­ité de souveraineté.

Il peut y avoir une démoc­ra­tie sans isocratie, par exem­ple dans une famille où les adultes auraient une voix, et les enfants auraient une demi-voix, un quart de voix ou trois quarts de voix selon leur âge ; ou autant de voix pour les adultes que pour les enfants plus nombreux.

Isonomie : égal­ité face aux règles, aux lois.

Par exem­ple, l’im­mu­nité par­lemen­taire est con­traire à l’isonomie, comme le fait que puis­sent s’af­fron­ter une per­son­ne avec un avo­cat com­mis d’of­fice et une autre qui peut se pay­er plusieurs avo­cats réputés.

Isé­gorie : égal­ité médi­a­tique, c’est-à-dire la pos­si­bil­ité d’avoir des con­di­tions d’ex­pres­sion égales (temps ou sur­face d’expression, audi­ence du média) pour une propo­si­tion et sa contradiction.

Man­dat impératif : man­dat par le lequel le man­dataire (élu, nom­mé, tiré au sort) exé­cute ce pour quoi il est man­dat. et ne décide pas à la place des autres.

L’article 27 de la Con­sti­tu­tion Française de la Cinquième République déclare : “Tout man­dat impératif est nul.”, c’est-à-dire qu’il serait anti­con­sti­tu­tion­nel de faire une loi con­damnant un élu à faire le con­traire de son pro­gramme : l’élu a donc la sou­veraineté sur ses électeurs, et il n’y a pas de démocratie.

Anar­chie : absence de sou­veraineté supérieure de cer­tains, ou l’absence de sou­veraineté de chacun.

Oli­garchie : sou­veraineté d’un petit nom­bre d’individus.

Plouto­cratie : sou­veraineté des plus riches.

La plouto­cratie n’est pas néces­saire­ment une oligarchie.

Par exem­ple, dans une société où il y a deux tiers de plouto­crates (ayant cha­cun un mil­lion d’u­nités moné­taires) et un tiers de pau­vres (ayant un mil­li­er d’u­nités moné­taires), les plouto­crates sont majoritaires.

Aris­to­cratie : sou­veraineté des meilleurs, des plus forts à quelque chose.

Par exem­ple, à la fin de l’Il­i­ade d’Homère le con­cours de tir à l’arc afin de déter­min­er quel sera le suc­cesseur d’Ulysse comme chef d’Ithaque est aristocratique.

Par exem­ple, l’in­tro­n­i­sa­tion d’Œdipe comme roi de Thèbes est aris­to­cra­tique, car il y est par­venu en étant le pre­mier can­di­dat à résoudre l’énigme du mon­stre qui men­ace la cité et a tué les précé­dents candidats.

Un régime élec­toral sans man­dat impératif, où l’élu, à la suite d’une com­péti­tion (de bon­i­menteurs) obtient la sou­veraineté, est une aris­to­cratie élective.

Eugénocratie est la sou­veraineté par la nais­sance, ou la par­en­té avec ceux qui l’ont déjà.

Par exem­ple, Hugues Capet est un aris­to­crate, élu roi de France par les plus hauts seigneurs (comtes et ducs), ou Grands du Roy­aume, vers le 1er juin 987 à Sen­lis, dans une assem­blée con­vo­quée par Adal­béron, archevêque de Reims, et il impose (en par­ti­c­uli­er à Adal­béron, qui va finale­ment le sacr­er roi, quoiqu’op­posé à l’eugénocratie : « Des empereurs de race illus­tre furent déposés à cause de leur absence de ver­tu, ils eurent des suc­cesseurs tan­tôt égaux, tan­tôt inférieurs par leurs orig­ines », faisant allu­sion à Charles le Gros en 887 et à Charles le Sim­ple en 922 ; et argu­men­tant : « Le trône ne s’ac­quiert point par droit hérédi­taire, et l’on ne doit met­tre à la tête du roy­aume que celui qui se dis­tingue par ses qual­ités. Don­nez-vous donc pour chef le duc Hugues, recom­mand­able par ses actions, par sa noblesse et par ses troupes, en qui vous trou­verez un défenseur, non seule­ment de l’in­térêt pub­lic mais aus­si des intérêts privés. », cité par Rich­er de Reims, His­toire, IV, 991 – 998) comme suc­cesseur son fils ainé Robert II de France, qui est donc un eugénocrate.

L’eugénocratie serait une aris­to­cratie si on con­sid­érait qu’elle con­siste en la meilleure nais­sance, et par la suite la meilleure édu­ca­tion, pré­pa­ra­tion ; ce n’en est pas une en con­sid­érant que l’eugénocrate n’est issu d’au­cune com­péti­tion (sauf si mys­tique­ment on con­sid­ère que l’eugénocrate a lut­té pour sa place avant la naissance).

Ochlocratie : sou­veraineté de la foule.

L’ochlocratie peut être un gou­verne­ment par une minorité (par ailleurs peut-être manip­ulée par une bien plus petite minorité), con­traire­ment à la démoc­ra­tie qui est le gou­verne­ment par toute la population.

Un citoyen est une per­son­ne qui a un droit de vote poli­tique dans une démoc­ra­tie ou une aris­to­cratie élective.